Analyse – Étude « L’aide et les soins à domicile : quelle création de valeur »
L'étude 2018 du Cabinet CITIZING ("L’aide et les soins à domicile : quelle création de valeur ?") évalue et confirme, pour la première fois en France, les bénéfices socio-économiques générés par les soins infirmiers à domicile et l’aide à domicile. Retrouvez tous les détails, références et chiffres de cette étude.
En voici une synthèse :
Les politiques publiques de l'aide à domicile touchent de nombreux acteurs (personnes aidées, entourage des personnes aidées, écosystème des professionnels) et les bénéfices qu’ils en retirent n’ont pas de transcription monétaire évidente : bien-être physique, psychologique, temps disponible, lien social, etc.
On n’évalue donc pas les bénéfices ni les coûts socio-économiques de l’aide à domicile dans l’absolu. On les évalue plutôt par rapport à des alternatives (aide par la famille ou bien l’aide et les soins fournis par des institutions (hôpital, EHPAD, famille d’accueil, foyer, etc.)).
Qu'en est-il du côté de aide à domicile apportée aux personnes adultes en situation de handicap ?
Plusieurs constats peuvent être faits (même s'ils sont difficilement mesurables) : l'aide à domicile favorise le bien-être, la bientraitance, l'autonomie des personnes fragilisées et/ou en situation de handicap.
Du côté des aidants familiaux, les bénéfices socio-économiques indirects de l’aide à domicile sont multiples :
- augmentation de la probabilité d’être en situation d’emploi à temps plein et donc hausse des revenus
- répit et soulagement psychologique et physique.
L'aide à domicile est également source de revenus pour les finances publiques. Trois sources sont identifiées :
- La participation des aidants au marché du travail génère des recettes fiscales (impôts, cotisations sociales, TVA).
- L’embauche des intervenants de l’aide à domicile génère également des recettes fiscales (impôts, cotisations sociales, TVA).
- La diminution des dédommagements PCH versés aux aidants grâce à la baisses du nombre d'heures d'aide familiale.
Au total :
- Chaque euro public consacré à l’aide à domicile en faveur des personnes en situation de handicap génère un gain socio-économique de 1,20 €.
- Au niveau national, chaque heure supplémentaire d’aide à domicile en direction des personnes handicapées bénéficiaires de la PCH (284 000 personnes) génère un bénéfice socio-économique (net des coûts pour les finances publiques) de 35,6 millions d’euros par an.
Qu'en est-il du côté de l’aide à domicile apportée aux personnes âgées dépendantes ?
En France (selon l'INSEE et la DREES), 1,2 millions de personnes âgées dépendantes perçoivent l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA) et elles sont 2,8 millions à bénéficier d’une aide familiale. Par ailleurs, le nombre d’aidants familiaux de personnes âgées est estimé à 4,3 millions de personnes.
L’aide à domicile fournie aux personnes âgées dépendantes a de multiples bienfaits :
- 1 heure d’aide à domicile par semaine pendant un an diminue la probabilité de recourir aux urgences de 11% (pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer).
- 1 heure d’aide à domicile par semaine pendant un an diminue la probabilité d’être contraint d’aller en maison de retraite (EHPAD) de 6 %.
- Chaque heure d’aide à domicile permet à l’aidant familial de réduire son temps d’aide de 21,25 minutes
- L’aide à domicile permet le répit des aidants familiaux, en apportant un soulagement psychologique.
Enfin, plusieurs effets bénéfiques sont à noter du côté des finances publiques :
- Une diminution des hospitalisations d’urgence, qui réduit de facto les coûts pour la Sécurité Sociale.
- Des recettes fiscales (impôts, cotisations sociales, TVA) dues à une plus grande participation des aidants au marché du travail et à l'embauche des intervenants de l’aide à domicile.
Au total :
- Chaque euro public consacré à l’aide à domicile en direction des personnes âgées dépendantes génère 1,62 € de gains socio-économiques
- Au niveau national, si chaque personne âgée recevant de l’aide familiale (2,8 millions de personnes concernées en France) bénéficiait d’1 heure hebdomadaire d’aide à domicile (1h de plus pour certains) pendant un an, les bénéfices socio-économiques (nets des coûts pour les finances publiques) s’élèveraient à 1,5 milliards d’euros !
Accélérer les investissements dans l'aide à domicile
En conclusion, comme l'indique Caroline Megglé dans son article sur le site de la Caisse des Dépôts, "l'aide à domicile bénéficie aux personnes autant qu'aux finances publiques (...)" ! Alors que le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2019 est arrivé ce lundi 12 novembre au Sénat, cette étude et ces chiffres vont certainement convaincre le législateur et les politiques d'accélérer les investissements dans l'aide à domicile.
Dernière mise à jour le 05/08/2024