« Nous devons faire changer les mentalités sur le métier d’auxiliaire de vie »
À l’occasion de sa participation aux assises régionales de l’aide à domicile en région PACA qui se sont tenues le 12 décembre 2019, Jean-Luc Traver, responsable des agences Senior Compagnie Avignon, Nîmes et Orange, est revenu sur les enjeux des métiers et de la formation. L’occasion pour lui de revenir sur le rapport El Khomri.
Que retenez-vous de ses assises ?
Jean-Luc Traver : J’ai eu la chance de représenter le Synerpa et Senior Compagnie lors de ses assises. Et de très bonnes idées ont pu émerger pour valoriser et rendre attractif le métier d’aide à domicile. Et notamment les moyens qui peuvent être mis en place pour donner envie aux personnes de devenir assistant(e) de vie. Si nous n’en sommes qu’au stade des discussions, la prise en charge a été évoquée : comment organiser le métier de demain, comment prévenir et encadrer les salarié(e)s sur les risques et la prévention ou encore la mise en place de nouvelles collaborations afin que les intervenant(e)s soient inclu(e)s dans les parcours de formation. Avec d’autres acteurs du milieu présents, nous avons pu balayer tous les sujets de l’aide à domicile comme le fait de mettre en place un système unique au niveau national ou encore améliorer le financement avec cette loi du grand âge. Ces assises sont porteuses d’espoir et j’ai pu constater qu’il y avait de la bonne volonté à faire évoluer le secteur.
Et sur le rapport El Khomri ?
J-L. T : Le rapport El Khomri est très intéressant car il évoque la formation du personnel à domicile dans le but de trouver des solutions de mobilité. Le rapport veut repenser le métier d’aide à domicile mais pour l’heure, il n’y a aucun plan de financement sur la table. La loi du grand âge a été repoussée et l’intérêt justement de ses assises est de faire le point sur cette loi et le rapport El Khomri.
Sentez-vous qu’il y a eu une prise de conscience pour améliorer les conditions des métiers du grand âge ?
J-L. T : Oui mais cette prise de conscience n’est pas nouvelle. Aujourd’hui, nous devons agir et obtenir des moyens. Dans certaines situations, le personnel peut ne pas se sentir compris ou en sécurité. Nous sommes bien conscients que ce n’est pas un métier attractif avec beaucoup de pénibilité. Aujourd’hui, il y a encore très peu de communication pour faire changer les mentalités sur le métier d’auxiliaire de vie. Il faut s’inspirer des pays nordiques qui ont mis en place des flottes de transport pour les intervenant(e)s qui sont amené(e)s à se déplacer plusieurs fois dans la journée. Nous avons réveillé les consciences mais maintenant il faut réveiller les financeurs.
Quel serait l’impact pour votre cœur métier et notamment vos salarié(e)s?
J-L. T : Ce serait idéal pour mettre en avant les compétences individuelles de chacun et chacune. C’est animer la vie à domicile à travers des actes de la vie quotidienne. En tant que responsable d’agence, j’ai le devoir de faire remonter les idées et suggestions de mes employé(e)s. Il y aurait ainsi un autre avis sur le métier afin que les personnes aient envie de travailler sans être confrontées constamment à la pénibilité de ce métier. Je le répète mais il faut essayer d’allouer un budget pour valoriser les salaires. Nous devons passer par des changements et s’adapter à la fois aux bénéficiaires et aux salarié(e)s selon leurs besoins face aux exigences des personnes et de leur famille. Au cours de la table ronde, nous avons d’ailleurs pensé à mettre en place des réunions d’équipe et faire des analyses de pratique professionnelle via le soutien d’un(e) intervenant(e) extérieur(e) afin d’améliorer les prestations à domicile. Il y a encore du chemin mais il faut garder espoir.
Dernière mise à jour le 10/08/2023